Stupa ... faction
Voilà, après un long arrêt dû à plusieurs événements dont il ne sera pas question dans cet article, j'ai finalement repris mes pérégrinations pédestres, la randonnée en plus clair. Alors direction la Rochette en Savoie de son maître pour découvrir la chartreuse de St Hugon.
Pour se remettre en jambes il était prévu que cette sortie se fasse en raquettes mais la neige étant insuffisante en bas de vallée du Bens, la décision n'a pas été difficile à prendre : à pieds et tant pis si on s'enfonce plus haut, on tracera. Cela me rapelle une rando dans la neige où j'ai dû marcher avec des sacs "Carrefour" aux pieds mais c'est une autre histoire ...)
Quelques 6 °C négatifs sont là pour aider à démarrer. Chaussage, habillage ont été très rapides pour vite se bouger et se réchauffer afin de découvrir cette boucle faisant passer par la chartreuse.
Départ "tranquilou" sur un chemin forestier qui remonte tranquillement le vallon. Soudain un spectacle magnifique apparait : un orgue de glace long de plusieurs dizaines de mètres. La beauté ne doit pas faire oublier le danger et les "tuyaus", d'une fragilité extrême ne demandent qu'à se décrocher. Mieux vaut ne pas s'approcher trop près et lever la tête en franchissant ce passage, les stalagtites brisées au sol sont là pour le rappeler.
Peu après, surgissant de nulle part on peut apercevoir la chartreuse majestueusement posée sur l'autre versant du Bens et déchirant la forêt par une architecture insolite en un tel lieu. Vu de loin c'est plutôt classique et pas quoi crier au miracle mais quand même c'est impressionnant même si celle de St Pierre de Chartreuse en Isère reste ma référence. A découvrir de plus près plus tard, en attendant il faut continuer à remonter jusqu'au sommet du vallon pour enjamber le Bens et passer sur le versant opposé.
Avant d'aller plus loin, ou plutôt vu le froid, tout en allant plus loin, un petit mot sur cette fameuse Chartreuse inconnue ou si peu connue même des indigènes. Selon la croyance populaire une vision serait à son origine. En effet, un évèque en habits de lumière entourés de 12 Chartreux volants aurait été aperçu, se promenant au milieu des bois. Le coin n'est pas réputé pour les champignons hallucinogènes donc le site fut, grâce à une donation, attribué à une communauté monastique. Des Chartreux s'y installent dès 1173 et se livrent pendant environ 6 siècles au travail du fer en ce lieu désormais appelé St Hugon et qui aura ses heures de gloire, avant d'être oublié, dans notre beau royaume de France.
La révolution mit fin à cette longue période d'activité florissante et en 1792 les père sont chassés et la Charteuse abandonnée a fait le régal des pillards en tous genres. Plusieurs propritaires et activités se succédèrent (forges, thermalisme, distillerie, relais de chasse, lieu festif, ...) avant que ce lieu boudé ne fisse la joie de Bouddha enfin plutôt son image et son esprit, par l'intermédiaire de l'institut Karma Ling.
Finalement nous y voilà. Le grand stupa non vu précédemment (de l'autre versant deu vallon) donne le ton. Il règne effectivement ici une atmosphère de sérénité, de calme, propice à la méditation et à la réflexion mais il est certain que pour beaucoup de novices le bienfait d'une retraite est indirectement proportionnelle avec le temps de séjour et j'imagine bien qu'une personne non au courant puisse péter les plombs et finalement disjoncter au lieu de recharger ses batteries.
Le ressenti que j'ai eu dans cet espace m'a cependant laissé Père Plexe et pourtant l'ex-pote de là haut, il sait que ce n'est pas chez moi qu'il faut faire réapparâitre les vieux démons. Nous avons signé un pacte de non agression réciproque il y a longtemps déjà. Que l'on s'y tienne !
Pour des raisons d'exposition, de disposition, de sensation, on aurait pu appeler aussi cette rando "la quête du soleil", tant ses caresses ont été recherchées. Il était là présent, tout près et visible mais s'éloignait quand on approchait son aura de trop près. Cela a duré ainsi toute la journée et finalement il a dit au revoir et à disparu au moment même de l'arrivée au stupa.
Photo en provenance du net
Le retour se fait par le pont du diable (ça ne s'invente pas !). Même le Dalaï Lama (il ne crache pas, lui, il prophère) s'en est gratté le caillou à l'occasion de ces passages en ce lieu.
Pour favoriser l'accès et la circulation des marchandises, les chartreux ont cherché la solution la plus pratique pour qu'un pont franchisse le Bens mais pas facile car à l'endroit idéal, le vallon était très large et très profond.
Le diable qui trainait ses guêtres par là (il y avait beaucoup de neige à l'époque) proposa de construire lui-même le pont en échange d'un menu service, que dis-je, une pécadille : s'approprier la première âme qui traverserait.
Affaire conclue. Le diable se mit en besogne et bâtit le pont en une nuit. Le lendemain matin, le prieur venu inspecter l'ouvrage tint parole et ... fit traverser son âne.
Le diable, pris d'une colère noire, jura mais un peu tard qu'on ne l'y reprendrait plus (bizarre, j'ai l'impression d'avoir déjà vu cela quelque part). Le malin sur ce coup ne se montra pas très malin c'est le moins qu'on puisse dire et se montra plutôt stupa, euh ... stupide.