Le comble du grenoblois : grimper une des trois Pucelles pour voir Seyssins Vif et Saillans.

Annoncé ainsi je comprends que ce texte peut surprendre aussi je vais vous expliquer ou tout au moins tenter de le faire. Commençons par le plus simple : Seyssins, Vif, Saillans sont des communes proches de Grenoble. Ceci étant dit et normalement, rapidement assimilé passons à la suite. Pour cela je vous invite à remonter le temps et à me suivre au Moyen-Age si vous le voulez bien. Zou ! On y va...

Oyez oyez gentes dames et beaux damoiseaux !

En ce temps, St Nizier du Moucherotte (le Moucherotte est le nom du pic qui domine St Nizier) se situe au dessus du village de Grenoble.
Dans ce hameau vivent durement des paysans. Les conditions sont pénibles: terres souvent très pentues, glacées l'hiver, difficiles à travailler l'été; l'entraide, la solidarité sont les seuls moyen pour surmonter les épreuves auxquelles ont à faire face hommes et femmes qui résident et travaillent là.

Or 3 belles et jolies jeunes filles avaient décidé de ne pas suivre les règles de vie de cette communauté rurale et n'avaient cure d'aider et contribuer à la vie collective. Insouciantes, écervelées elles ne pensaient qu'à s'amuser, se promener, aller à la rencontre des colporteurs venus de Grenoble, chargés de chatoyants vêtements destinés à être vendus sur les marchés du plateau du Vercors. Le pied sûr et la jambe alerte (je n'ai pas dit leste !), elles n'hésitaient pas à s'éloigner de St Nizier pour aller rejoindre Lans, Villard ou Engins, hameau le plus encaissé dans les gorges conduisant à Sassenage.

Un jour d'été, par une chaleur accablante, elles décident d'aller se baigner dans le bruyant Bruyant qui s'écoule en contrebas. Chose dite, chose faite et en un instant les voilà en tenue d'Eve en train de se raffraichir dans les courants et contre-courants taquins et coquins.

A la vue de ces bassins tentants et gorges généreuses batifolant avec moult éclaboussures et rires dans les bassins des gorges d'Engins, un groupe de manants se rendant sur le plateau tomba en arrêt brusquement tant la surprise fut grande de découvrir une telle scène à laquelle ils n'auraient pas pensé même lors de leurs plus folles ripailles.

Sans voix, la langue pendante, les yeux exhorbités (ce qui inspira Tex Avery quelques siècles plus tard), le groupe tenta de s'approcher pour mieux profiter du spectacle mais une branche complice craqua si fortement lors de leur progression que ce fut suffisant pour donner l'alarme aux 3 donzelles humides et trempées (ou l'inverse).

Elles ramassent à la hâte leurs vêtements et sans prendre le temps de s'habiller s'enfuient en courant dans le Vif du Bruyant. Elles gagnent vite du terrain car courir nue est plus efficace qu'avec un pantalon baissé et l'habit au vent mais les gueux avaient de la suite dans les idées (pour faire poétique). Ils reprirent vite leurs esprits, remontèrent leurs guenilles et se rapprochaient rapidement des belles, prêts à en découdre. Le hameau était trop loin, personne dans la forêt si ce n'est les trois pucelles et la horde des poursuivants.

L'issue ne faisait quère de doute, ce n'était qu'une question de temps avant que les trois fuyardes ne soient rattrapée et attrapées dans l'intimité de leur jeunesse et de leur virginité.

Dans un dernier espoir, elles invoquèrent alors le bon, le grand, le gentil Saint Nizier... patron du plateau.
- Ô bon Saint... sauve nous de ces mécréants qui nous veulent du bien... pardon du mal !

Le Saint qui était en train de se faire des bugnes lyonnaises essuie les mains sur son tablier, jette un oeil distrait sur le tableau, contrarié d'être ainsi dérangé en pleine préparation culinaire. Mort de rire !
- Sauvez nous de l'affront bon Saint Nizier...
Et Saint Nizier dans sa grande bonté accepta d'aider en miraculant... Il miracula donc un miracle.

Il comprit la détresse de ces trois pauvres hommes frustrés, courant la breloque en débordement. Les satisfaire (sourire du Saint...)? Non, pas possible, il faut qu'on garde nos pucelles se dit-il ! Et il changea illico les trois imprudentes en rocs lisses et inaccessibles (pour les grimper désormais les pucelles, il faut s'accrocher...). Il justifia son acte de mansuétude contrôlée en expliquant, qu'à l'avenir, cela servirait de leçon aux jeunes filles sans cervelle et exhibitionnistes.

Quant à nos 3 belles leur sort n'est pas figé éternellement dans le roc, le saint a assuré qu'un jour elles reviendraient à la vie charnelle sitôt que trois vaillants alpinistes auront réussi à les grimper sans aucun accessoire, à mains nues ...

Et là il y a du boulot ! Voilà téméraires grimpeurs, vous savez ce qu'il vous reste à faire si vous voulez voir revivre ces trois galantes. Pour ma part, habitant Seyssins, pratiquement au pied des trois Pucelles, je pourrais être curieux de voir ce miracle de transformation de la matière (roc in chair) mais en fait je m'en balance.

Pucelles elles étaient, Pucelles elles sont devenues.

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